SUJET : Laikipia

Bonjour à tous,

Janvier fut l'occasion de repartir en Afrique de l'Est. Je me dis que la sortie de l'hiver est proche et qu'un petit carnet pourrait booster la vitamine D générale.

Laikipia? c'est où? c'est quoi? Rien de mieux dans ce cas que Wikipiédia. Mais en gros, c'est un comté du Kenya, constitué essentiellement de concessions privées, souvent d'ancien ranches, plus ou moins transformés ou adaptés pour la conservation de la faune. Le modèle économique n'est pas celui d'un parc national mais plutôt la co-existence entre populations locales vivant de l'agriculture et de l'élevage et la faune sauvage. Et çà marche ! C'est incroyable.

La région de Laikipia est bordée par le massif des Aberdares au Sud, le Mont Kenya au Sud Est, la région de Maralal au Nord et la vallée du grand Rift à l’Ouest.
A cheval sur l’équateur elle s’étend sur 9.500 km² et fait partie du vaste écosystème de l’Ewaso qui couvre 25.000 km². L’altitude varie de 1.600 à 2.000 m et les points culminants sont la chaîne des monts Aberdares et le mont Kenya. Le plateau est une zone de bush parsemé d’acacias avec de vastes plaines et prairies au Nord et au Sud et des forêts de cèdres et d’oliviers sauvage à l’Est. A l’origine Laikipia était une terre Masaï qui fut explorée en 1883 par Joseph Thomson puis en 1887 par le Comte Teleki qui avait monté une expédition à travers cette région pour atteindre le lac Turkana plus au Nord. Les premiers colons Anglais arrivèrent à partir de 1907 et installèrent des ranchs pour le bétail. Dans les années 90, les propriétaires terriens et les communautés ont crée le Laikipia Wildlife Forum [LWF] dans le but de garder intacts l’écosystème et sa faune sauvage tout en créant de nouvelles ressources pour améliorer la qualité de vie des habitants de la région. C’est donc notamment grâce à l’écotourisme et au tourisme équitable que ce but a été atteint. Les ranchs et les réserves privées ont de faibles capacités d’hébergement, ce qui donne la garantie absolue de découvrir cette région magique, sa faune et de ses ethnies authentiques, dans des conditions d’intimité privilégiées.

Nous avions déjà visité Mara, Samburu et Nakuru il y a bien longtemps. Il fallait bien changer un peu, innover, trouver de nouveaux endroits. Il y avait aussi 2 objectifs: Rhinos et Lycaons (notez: pas forcement ensemble avec un rhino chassant un lycaon). Avec ce croisement d'espèces pas fréquentes, il n'y avait pas trop d'endroits cochant les cases, sinon Laikipia.

Je ne vais pas vous faire languir afin de vous inciter à me suivre: l’objectif sera rempli à 50% pour ces 2 là mais dépassera toutes les espérances avec un bonus inimaginable dont vous aurez la saveur à partir du milieu de parcours. Et quand je dis "bonus", ça frôle "l'euro-million". Je reste modeste même si je pense que vous ne serez pas déçus.

Pour les camps, nous avons privilégié 2 sites sur 11 jours. Ol Pejeta dans le sud, dédiée à la protection des rhinos noirs et blancs et Laikipia Wilderness dans le nord pour les lycaons. Deux sites totalement différent tant Ol pejeta au sud, proche du Mont Kenya était sous un ciel couvert et pluvieux tous les après-midi laissant la savane bien verte, tant le nord, Laikipia WIlderness était sec de chez sec tirant sur les jaunes et les ocres.

La carte vous situe les 2 camps et ceux qui connaissent Samburu verront au nord-est de la carte la réserve adjacente de Buffalo Spring.


Voilà pour l'intro. La suite arrive

Hello le grand voyageur !! un Kenya différent avec ses trésors ? je garde l'ordi au chaud et j'attends les images du billet gagnant !!

Oh la la

Je pense que nous allons suivre ce fil avec ardeur...Laikipia fait partie des endroits ou nous rêvons de nous rendre un jour.
Laikipia ....Kuki Gallmann , son livre qui a inspiré le film "Je rêvais de l'Afrique" que nous avons lu plusieurs fois bref....

Jean-Christophe ne nous fait pas trop languir pour la suite

Merci de nous proposer ce carnet.

Quel tizingue teasing, JC ! Tu promets du gros (enfin, je sais pas pour la taille), on est scotché...

"du gros?" qui est gros? je passe!

Allez, je retire la moitié du suspense dès la 1ère photo puisque notre 1ère rencontre à Laikipia, à peine sortis du camp, est cette famille de rhino noir. Vous savez donc que vous n'aurez pas droit à de photos de Lycaon.

1. Rhinocéros noir (Diceros bicornis)


2. Rhinocéros noir (Diceros bicornis)


3. Rhinocéros noir (Diceros bicornis)


Je n'en n'avais jamais vu d'aussi près et le peu que j'avais vu étaient cachés dans le bush à 100 mètres. Il faut dire que Laikipia et Ol Pejeta surtout s'est fait le champion de la protection des rhinos noir et blanc. Environ 170 "noirs" et 60 "blancs" dans la concession, gardés par pas moins de 200 rangers. La concession est délimitée en parcelles que patrouillent les rangers qui doivent compter TOUS les rhinos TOUS les jours. En cas de non repérage d'un rhino pendant 72 heures, envois de renfort armés sur la parcelle et si toujours rien après 3 jours encore, patrouille aérienne. Ol Pejeta est aussi connu pour son enclos "géant" abritant les derniers "Northern White" Rhinos dont "Sudan" fut le dernier mâle représentant de l’espèce. Des femelles "Southern White" ont été inséminée de manière artificielle pour porter des embryons de "Northern White".

Il est aussi appréciable qu'aucun des rhinos de la concession n'ait leurs cornes sciées.

En attendant le cours de génétique, ces aigles ravisseurs me ravissent

4. Aigle ravisseur (Aquila rapax)

Après ton introduction "mise en bouche", j'étais impatient de commencer ce carnet

Et bien cela commence fort avec les rhinos noirs

Il est aussi appréciable qu'aucun des rhinos de la concession n'ait leurs cornes sciées.

Je partage le même avis, la protection des rangers semblant être suffisante. Malgré cela des cas de braconnage sont ils constatés ?


Vivement la suite

Merci Jean-Christophe

Fin de suspense, dommage pour les lycaons mais tant mieux pour les belles photos de rhinos. Les noirs sont rarement vus aussi bien, dans notre expérience (limitée). Une info sur la blessure au flanc droit du biquet 2-3 ?
La super protection et les soins sophistiqués (comme la PMA-Rhino !) doivent coûter un bras (une corne ?), qui paye ? Les visiteurs sont peu nombreux, droits très élevés ou intervention d'ONG ?

Merci pour le partage, JC !

Super intro JC, tu es le roi du teasing et belle lumière sur ces rhinos noirs vraiment pas farouches, même au sein d'une réserve privée.
Pour notre part nous n'avons jamais rencontré les lycaons au Kenya...

Le "business model" de toute la zone de Laikipia c'est la cohabitation entre la faune sauvage et l'économie locale. Qui paie? les touristes mais le bras n'est pas plus long qu'ailleurs. il y a aussi du "fund raising", des programmes de recherche, .... Tous les jours nous verrons des troupeaux paitre, quelle que soit la concession. Ce qui nous était apparu incongru à Mara il y a 15 ans est ici la norme. Si les bergers ne peuvent pas vivre du parc, alors le braconnage s'établira. Ol Pejeta est aussi à moins de 1 heure de route de Nanyuki et reçoit pas mal de touristes locaux. Mais nous n'avons jamais été plus de 2 jeeps en simultané sur les sightings. Ça reste raisonnable. En plus, les bergers, à leur manière, assurent une surveillance sur les animaux.

PS: Je vous ai un peu menti car j'ai vu 2 lycaons de très loin aux jumelles. La femelle alpha venait de mettre bas et le terrier était dans une zone escarpée inaccessible. Un des membres de la meute était équipé d'un collier émetteur et même avec cela on ne les a pas trouvés en attendant le départ pour la chasse avant le lever du soleil ou le retour pour la sieste aux premières chaleurs.

Pas d'info sur la blessure.

Il faut dire qu'après avoir vu 3 rhinos noirs de cette manière, aussi vite et dans cette lumière, on se dit que rien ne peut vous arriver durant le séjour. A tel point qu'un des patrouilleurs de rhinos prévient notre guide qu'un guépard dort un peu plus loin en bord de piste. Nous laissons les rhinos. le guide nous dit que les guépards sont bien plus rares ! Comme quoi... la relativité....

Notre guépard n'est quand même pas bien actif, jetant un coup d’œil de temps en temps aux gazelles et zèbres qui passent non loin sans rien voir.

5. Guépard (Acinonyx jubatus)


Laikipia est aussi connue pour ses zèbres de Grevy, mais dans la partie sud à Ol Pejeta, c'est la version classique "Burchell" qui est seule présente.

6. Zèbre de Burchell (Equus quagga burchellii)


7. Traquet isabelle (Oenanthe isabellina)


Nous abandonnons notre guépard assoupi que nous ne reverrons plus pour arpenter la concession. Les rhinos blancs sont un peu avachis au soleil

8. Rhinocéros blanc du Sud (Ceratotherium simum simum)


9. Rhinocéros blanc du Sud (Ceratotherium simum simum)


Au cas où, je m'autorise un petit rappel sur l'historique de la dénomination "noir" vs "blanc" pour tous ces rhinos - qui comme les chats la nuit - sont gris : La dénomination blanc/noir vient d'une erreur de traduction : les Afrikaners appelaient les rhinocéros blancs « wijde », signifiant « large » pour sa large bouche adapté pour broute les herbes et qui a été traduit, à tort, par « white », blanc par les anglais. Et ainsi si le "wijde" devenait blanc, le pas "wijde" était en conséquence noir, lui pour lequel la bouche est adaptée pour attraper et manger les feuilles des buissons.

Les oiseaux sont assez nombreux en bord de piste. ll pleut presque tous les après-midi et les insectes sont nombreux.

10. Traquet brun (Myrmecocichla aethiops)


Les cisticoles viennent se restaurer quasiment sous le 4x4

11. Cisticole des joncs (Cisticola juncidis)


Nous en profitons aussi pour découvrir le camp lors de la pause brunch. Pas de zone avec abreuvoir mais des buissons et plantes très diverses agrément le parc dans lequel il est très facile de se promener et de repérer ses classiques

12. Choucador à oreillons bleus (Lamprotornis chalybaeus)


13. Choucador superbe (Lamprotornis superbus)


et ses moins classiques

14. Pouillot fitis (Phylloscopus trochilus) A CONFIMER

Une buse augure quasi-résidente survole la rivière qui longe le camp.

15. Buse augure (Buteo augur)


Plus classique avec ce coliou, dont le nom anglais "Mousebird" illustre bien la longueur de sa queue

16. Coliou rayé (Colius striatus)


Les calaos sont omniprésents, attirés par les cuisines et leurs reflets dans les parties métalliques qui servent de fermetures.

17. Calao couronné (Lophoceros alboterminatus)


18. Calao couronné (Lophoceros alboterminatus)


Je vous mets quand même un doublon de "Superbe" tellement j'apprécie les contrastes du plumage de l'oiseau

19. Choucador superbe (Lamprotornis superbus)


Lors de la conversation du déjeuner, les quelques guests discutent avec le staff. Quand nous annonçons quelle sera notre prochaine destination d'ici 5 jours, tout le monde nous demande "vous allez donc voir ....". Nous nous regardons sans être bien sur de comprendre et concluons que c'est quasiment impossible de voir une telle observation. J'en avais vaguement entendu parler il y a quelques années mais pas dans la région de Laikipia. Je ne savais pas que cette observation était disponible au menu de cette zone.

Merci JC pour toutes ces belles images

"vous allez donc voir ....". Nous nous regardons sans être bien sur de comprendre et concluons que c'est quasiment impossible de voir une telle observation.

Je crois savoir de quoi il s'agit, car je suis abonné à Africa Geographic et quelques images surgissent (récemment) sur leur site à ce propos.
Pour garder le suspens je donnerai juste un indice : le très rare animal est parfois observé dans les forêts des Aberdare au Kenya et à Laikipia également , n'est ce pas Jean-Christophe ?

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Et oui Patrice, tu as trouvé. Garde le suspens pour ceux qui n’auraient pas fait tes recherches approfondies

Je ne vois pas du tout ce que ça peut être, peut-être un dahu mélanique ?
Même sans ce légendaire biquet, je serais un peu déçu, certes, mais je suivrais ce fil avec toujours le même grand plaisir… Il m’ouvre des horizons…