Pour l'heure,Vincent, je pensais avoir compris, mais ce que j'ai lu ne correspond pas à ce que j'ai compris, donc... Et pour la bière, pas d'explication, mais tu sais que moi, en dehors des struthiofringillidés, je passe mon tour...
Nous sommes rentrés dans la salle, à l'abri de la pluie et aux premières loges pour continuer notre repas.
C'est le moment pour le plus aventureux et le plus moustachu du couple de déguster ses premières injera. La moins moustachue du couple a opté pour la prudence et a choisi les pâtes (l'influence italienne), en l'espèce des spaghetti qui seront servis froids, sans beurre (l'influence italienne ?) mais aussi sans huile et sans sauce. Les injera, eh bien, comment dire... D'abord, ce ne sont pas des serviettes enroulées dans le plat rose, non. Et comme pour la panse farcie, pourrait-on le regretter ? Non, n'exagérons rien, c'est mou, un peu aigre (ça peut l'être beaucoup plus), sans beaucoup de goût. Là, elles sont servies coupées en lanières, mais on peut comme sur la photo de l'introduction en avoir une entière. La céréale de base, la plus appréciée, est le tef, mais l'injera peut aussi être faite à base de sorgho ou de maïs. Elle est servie tiède ou froide, et est agrémentée de différentes préparations, comme des "tips", viande en morceaux, chèvre, bœuf, volaille, viande souvent très dure (je suppose que les conditions de conservation ne permettent pas de faire rassir la viande et que les animaux ne sont pas abattus aussi (trop) jeunes qu'en Europe) ou plats végétaux. Aussi différentes sauces, souvent très bonnes, du moins quand pas trop épicées pour nos papilles délicates d'européens. Catherine m'en empruntera d'ailleurs pour agrémenter ses nouilles froides... L'injera sert d'assiette et aussi de couvert, avec la main droite (la gauche est réservée à des tâches plus triviales) on en découpe des morceaux qui servent à pincer la nourriture déposée sur l'injera. Les Éthiopiens orthodoxes, la majorité de la population, jeûnent tous les mercredis et vendredis et aussi pendant les très nombreuses fêtes religieuses, ce qui peut correspondre pour les plus pieux à plus de 250 jours de jeûne par an... Mais ce jeûne n'est pas synonyme de privation totale d'aliments, mais de nourriture strictement végétarienne. Coutume sainte et saine à la fois, donc...
Après le repas, nous pouvons observer notre première cérémonie du café (
buna en éthiopien amharique).
Le café est un des principaux produits d'exportation de l'Éthiopie (un autre est l'or), c'est la boisson nationale, les Éthiopiens sont très fiers de revendiquer l'invention du breuvage. Sa confection suit tout un rituel. L'endroit de préparation est souvent comme ici parfumé à l'encens, décoré de fleurs, les tasses sont toujours artistement disposées. Les graines de café sont d'abord grillées dans une poêle sur un brasero ; puis broyées dans un mortier, ensuite mises en décoction. Le café obtenu est sans dépôt, très noir et très fort. Et aussi très bon, excellent même. Il est servi dans de très jolies cafetières en terre, effilées, il est versé d'assez haut (moins quand même que le thé à la menthe) dans de petites tasses sans anse, et comme pour toute boisson en Éthiopie les tasses sont remplies à ras bord, le bonheur en dépend !
Autant vous dire que ce rituel ne se fait pas en rien de temps. Ici, l'expresso est inconnu, l'Éthiopie est la terre du
lentissimo !