SUJET : Guyane : Entre savane et forêt

Superbe reportage que tu nous proposes là ! Deux grosses préférences pour le boa arc-en-ciel et le magnifique serpent liane vert
De très belles images en prime !
Et j'oubliais le spaghetti !

EN effet superbes photos

Belle plongée noctambule dans le monde des serpents

Arc-en-ciel, liane, spaghetti, il y en aura forcément un pour vous plaire

Magnifique série sur tous ces serpents Le boa arc-en-ciel est somptueux et tu as su parfaitement le mettre en valeur.
J'aime beaucoup aussi les deux derniers portraits du serpent liane et le boa écarlate, qui est un peu irisé aussi. C'est quoi la technique de Kevin pour les calmer ?

On se régale de tous ces "sang froids"

Merci de toutes ces belles images

FESTIVAL sur ces dernieres pages, je me suis regalé! La derniere image du serpent liane est magnifiique et ce florilege d'espece est !!! un grand Bravo et merci

Un florilège, un festival, super Marine, je suis très content pour toi que tes sorties soient si riches actuellement

Merci à tous !
A vrai dire, c'est presque trop facile, il suffit (presque) d'attendre qu'ils traversent, pour la majorité.
Bon, pour les prochaines sorties il me faudra attendre cet été, mais il me reste à poster la moisson du w.e. dernier.

Je reviens à mon journal, histoire de me remettre en mémoire la sortie de mercredi soir dernier.

La sortie précédente ayant été tellement fructueuse, je n'avais qu'une envie : réitérer l'exploit. Je propose donc à mon binôme de la dernière fois, ainsi qu'à un collègue de SVT, plutôt branché ornitho, mais tout à fait intéressé ce type de découvertes une autre sortie de nuit.

Nous repartons tout comme la dernière fois aux mêmes horaires.

Ce qui me surprend tout d'abord (c'est ma troisième sortie sur le site en l'espace de quelques jours) c'est la régularité des espèces rencontrées : pas véritablement de surprises, toujours un peu les mêmes abonnés : Atractus flammigerus, Anilius scytale, Pseudoboa coronata, Bothrops atrox, Imantodes cenchoa. Et je me demande même si l'Atractus flammigerus du soir, n'est pas le même que celui rencontré avec les herpétos belges : même zone, même taille et exactement le même coloris.

Notre premier serpent est donc un parfaitement indolent Atractus flammigerus, étalé de tout son long sur la route, totalement vulnérable.


Il est tellement peu réactif qu'avant de l'avoir dans les mains je l'ai cru mort. Heureusement, tout va bien, et après la séance photo, nous le relâchons en lieu sûr, écarté de la route.

Le candidat suivant est donc un autre fidèle des lieux, l'Anilius scytale. Nous en trouverons 2, tous les deux jeunes. Le premier porte une balafre cicatrisée qui court de sa narine à son oeil gauche, crevé. La seconde est sur le flanc, sans doute l'oeuvre du bec ou de la patte griffue d'un oiseau fourrageant dans la litière du sous-bois. Malgré ses blessures de guerre, notre anilius se porte parfaitement bien et va nous offrir un grand moment de découverte naturaliste en tentant de nous fausser compagnie en serpentant à reculons, aussi naturellement que s'il allait de l'avant ! Je n'ai malheureusement pas eu la présence d'esprit de filmer ses réactions.


L'Anilius scytale est appelé "serpent rouleau" ou encore "serpent 2 têtes", termes qui expliquent parfaitement la serpentation en marche arrière.
On découvre que sur ces serpents courent de petites tiques rondes, qui n'ont pas encore enfoncé leurs crochets entre les écailles des serpents. J'essaie d'en retirer quelques unes avec mes (gros) doigts, pas facile !

Notre 3ème espèce est encore un classique pour le coin (en 3 sortie 5 individus attrapés !) le Pseudoboa coronata. Celui-ci est tout jeune, et vif.
Il se démène pour m'échapper, et va jusqu'à serrer mes doigts. Cette couleuvre est opisthoglyphe et nerveuse, elle est considérée comme parfaitement inoffensive, mais bon, mieux vaut rester prudent. Enfin, cette bestiole-là ne risque pas de nous faire de grands bobos ! Elle aussi est couverte de tiques (que l'on voit sur certaines photos) que je retirerai une par une. Il faudra que je trouve un truc pour les prochaines occasions.

Nous arrivons au marais.
Notre première idée est de nous rendre tout de suite au bord de l'eau, un choeur de grenouilles donne de la voix. Elles sont cachées dans le marais, sur les herbes émergées et il nous est impossible de les distinguer. Ca me frustre, je déteste entendre un chant sans pouvoir identifier l'auteur de celui-ci. Finalement, nous délaissons un temps les grenouilles pour le ballet des chauves-souris rousses Noctilio leporinus (merci Maël !) qui profitent du faisceau de nos torches pour pêcher plus à l'aise coléoptères voire petits poissons affleurant à la surface.

J'avance dans l'eau. Ma première passion ayant été les poissons, je me mets à scruter attentivement le fond sableux. Des poissons prédateurs de taille modeste, les patagaïes, s'y tiennent à l'affût, immobiles. Au milieu d'eux, une petite raie ronde (Potamotrygon sp.) à l'aiguillon redoutable, et autour encore je distingue une forme serpentine noire que je prends pour un petit serpent aquatique : un helicops. Je m'avance pour l'attraper, mais la bestiole me glisse entre les doigts. Je m'y reprends à plusieurs fois comprenant très vite que j'ai affaire à un amphibien, une cécilie, et qu'il y en a plusieurs autres ! Avec douceur et précaution, je finis par en attraper une que l'on pose sur le sable humide pour une séance photo express. C'est ma toute première cécilie, je jubile. Il s'agit d'une cécilie parfaitement aquatique : sa queue est modifiée en palette natatoire, ses poumons ont disparu : elle garde son air dans son estomac. Nous n'en verrons pas venir respirer à la surface, mais elles semblent savoir garder une belle apnée.


Voici donc Typhlonectes compressicauda, la cécilie à queue comprimée. La photo ne rend rien, mais on n'a pas dû la laisser à l'air libre plus de 15 secondes...

Ravie de cette première coche de la soirée, je retourne à l'eau et bingo, il ne s'est pas passé 1mn que je découvre une Pipa ! Depuis le temps que j'espérais la rencontrer ! Je suis vraiment ravie ! Ma première réaction est de me dire "mais quelle grosse grenouille !" je la croyais de taille beaucoup plus modeste. Avec Audric, nous parvenons à la ramener au bord.


Voici donc Pipa pipa, la pipa américaine, la main d'Audric donne l'échelle.

Il me revient alors en mémoire qu'un serpent assez commun, mais que je n'ai pour ma part jamais encore croisé, est souvent vu sur ce coin de marais, alors, je me mets à fouiller les rives à la torche, surprise, le résultat ne se fait pas attendre, je me mets à crier : "serpent ! Thamnodynastes pallidus ! Liane coiffée !" Je sais que ce serpent est classé comme pouvant entraîner une envenimation, on n'y touchera donc pas, mais on s'avance dans l'eau jusqu'à mi-cuisses pour le photographier. Nos bottes sont pleines, mais peu importe !
Elle dormait lovée sur ses feuilles, et on l'embête un peu.


On l'appelle "Liane coiffée" parce qu' en cas de danger, elle étire et gonfle ses côtes, telle un cobra. On ne la verra pas faire.