SUJET : Bornéo, des hauts et débats... Sabah comme vous voulez ?

C'est aussi au bruit qu'ils font que nous repérons des macaques à longue queue, et plus intéressants, toute une famille de charmants petits singes argentés à la belle chevelure, des Semnopithèques (ou Langur) à coiffe (ou argenté, eh oui, nos biquets sont richement pourvus en noms vernaculaires, que ce soit en anglais ou en français)

150-151 Semnopithèque à coiffe, Trachypithecus cristatus, Silver Leaf Monkey

Nous repartons l'après-midi un peu avant 16 heures pour un autre safari sur la Kinabatangan, avec l'option de la descendre, la pluie a en effet des chances d'être plus tardive en aval. Je vous jette une jolie fleur au passage


Un Pygargue blagre (non, c'est pas une blague) nous survole, histoire de nous faire admirer son joli ventre emplumé tout de blanc (et non glabre)

152-153 Pygargue blagre, Haliaeetus leucogaster, White-belled Sea-Eagle

Ce début après-midi, tout se passe dans le ciel, c'est un nouveau (pour nous) calao là haut

154 Calao pie, Anthracoceros albirostris, Oriental Pied Hornbill


Il se pose finalement au sommet d'un arbre mort, nous laissant admirer son gros casque blanc, qui nous permet d'affirmer qu'il s'agit d'un Monsieur Calao pie...

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Catherine arrive ensuite, grâces en soient rendues à son 200-400 (et à sa dextérité jamais en défaut !) à saisir au vol une rareté. Le plus rare des 8 espèces de calaos présentes à Bornéo (réparties en 5 genres !). Dean nous dit que les guides ne le voient qu'une fois par an en moyenne, c'est même cette année, en octobre, le premier Calao à casque rond qu'il voit

156 Calao à casque rond, Buceros vigil, Helmeted Hornbill



Dix minutes après, nous retrouvons notre ami à long nez... Il fait plutôt sombre, même s'il n'est que 16 heures 30, il va falloir que le 7 D montre qu'il peut quand même monter un peu en ISO. Oh, pas trop, juste à 1600-2000-3200 ISO. De quoi laisser rêveur ceux qui ont comme moi utilisé des pellicules couleur ultra rapides, comme l'Ektachrome 400 (poussée si besoin à 800 ISO ou plus au développement) avec un grain que je ne vous dis pas... O fortunatos nimium, sua si bona forint, numericophotographas !

Je vous dois de vous prévenir, vous allez entrer dans le cercle des nasiques, alors je vous préviens aussi "Lasciate ogni speranza, voi que che non piace scimmie proboscide" ce qui, traduit de mon italien de cuisine, veut dire : pas aimer nasiques, sauter page/pages...

Allez, c'est parti avec ce beau gros mâle au bedon avantageux, au marcel tout en poil du plus beau roux, et au nez, au nez, il me faudrait l'éloquence d'un Cyrano/rostand pour vous en faire l'exacte description. À quoi peut donc servir un tel appendice ? Sans doute, puisque seuls les messieurs en sont (richement) dotés, une manière de séduire les dames avec un imposant appendice. Mais encore ? Et puis, ne l'oublions pas, "...c'est bien plus beau lorsque c'est inutile" a dit un fin connaisseur nasologue .

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Monsieur nous regarde, sans hostilité aucune, mais plutôt très classe, il nous regarde de haut...

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Comme, manifestement, nous sommes inoffensifs, après un dernier regard, Monsieur reprend ses activités

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Notre ami est végétarien, mangeur de fruits verts et même phyllophage... Un lien avec son gros bedon ? Pourquoi uniquement des fruits verts ? Pour tout savoir sur l'extraordinaire adaptation alimentaire de ce qui était un omnivore/frugivore, lisez la suite de nos aventures à Bornéo !

Un gros faible pour tous les calaos, sur fond bleu, sur fond gris, en vol ou posés. Et puis bien sur, le nasique 160. dis tu nous mets les oran-outans?

Ils ont l'air humain ces nasiques !

F A B U L E U X ! Je m'émerveille ! Ca se voit ? Ca s'entend ?
Des portraits hors normes des nasiques et du semnopithèque, le portrait serré est une splendeur !
Désolée de ne pas plus m'épancher, mais mes w.e. sont (très) chargés. Pour la fleur rouge avant les photos 152 - 153, elle me faisait penser à un Alpinia (zingiberacées), mais je me prononce en faveur d'un Costus sp., ce sont les feuilles qui me font dire ça. Donc famille des Costaceae. (Ah ben, tiens, je me disais aussi... Très proche lien entre Zingiberaceae et Costaceae )

Quelle coiffe ce semnopithèque

Le Helmeted Hornbill est génial belle capture de cette rareté

Et la série nasale nasique est

Oui, la série sur le gros mâle Nasique est superbe , il a une barbiche à la Jules Grévy, on dirait un vieux notable de la IIIème République.
Quant au Calao à casque rond, il a un cou de dindon

Merci à tous, amis lecteurs-visionneurs muets ou non, même si je préfère les non-muets... Par ailleurs on peut visionner sans lire, hein, il n'y aura pas d'interro surprise.

JC, les orangs-outans, certes, mais un ami vétérinaire ouilipien (pas de l'Oulipo, ce Ouilipi) nous a prévenus, peu ou pas de chances d'en voir hors des centres de réhabilitation.

Loïc, c'est vrai que si les singes en général ont souvent un regard humain, c'est tout particulièrement marquant chez les nasiques. D'autant plus curieux que ce ne sont pas des Hominidés

Merci Marine pour l'info, nous savions bien que nous pouvions compter sur une bonne âme experte... Geste d'autant plus apprécié que tu y consacres une partie d'un temps précieux entre élèves, mari, Boubou et toutes tes activités !

Le Semnopithèque à coiffe a effectivement une belle coiffe, Romain, et je me félicite (j'adore cette tournure de langage qui permet de se féliciter d'événements ou de faits auxquels on est totalement étranger, comme excellentes vendanges, bons résultats -des autres- aux examens, temps radieux, etc.) de la réussite de la photo du rare calao là haut...

Dietmar, tu as des références auxquelles je n'aurais pas pensé, mais qui une fois exprimées font mouche. Et pour le reste, ta comparaison du cou du Calao à casque rond au cou de dindon a irrésistiblement fait penser Catherine à une chanson bien de chez nous, qu'elle a entonnée avec enthousiasme :

Ils ont des casques ronds
Vive les dindons

Je ne sais pas si vous vous souvenez de la remarque intéressante, comme toujours, de Marine sur le bidon bedonnant de nos amis ?

Marine en Guyane écrit: Et concernant le ventre ballonné des nasiques, serait-ce aussi à cause des feuilles qu'ils ingèrent et qui fermentent dans leur organisme car ils ne les assimilent pas entièrement ?

Eh oui, ce bidou (à l'air doux) intrigue. Dean nous explique que les nasiques ont deux estomacs comme les vaches. Étonnant, non ? Bon, ne chipotons pas, la Vache a quatre estomacs, rumen, réseau, caillette, feuillet. Et Monsieur Nasique n'a pas vraiment deux estomacs bien distincts comme notre amie laitière. Mais globalement, "c'est pas faux" !
Le Nasique dispose d'une poche avant-estomac (enlarged sacculated forestomach) et d'une très riche population bactérienne. Comme chez les Ruminants, les bactéries découpent la cellulose en sucres assimilables par l'organisme, s'en nourrissent, et augmentent leur population, fabriquant ainsi des protéines et des lipides dont notre ami tire profit. Notre ami qui ne pousse pas l'imitation jusqu'à ruminer, à savoir faire remonter le bol alimentaire pour une mastication aux petits oignons, non, mais comme les Ruminants, son travail de digestion lui impose de longues périodes de repos, c'est bien simple, dans la journée, ou il mange, ou il digère en paix.

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A part quelques termites, et pas n'importe lesquels, mais à Sabah préférentiellement ou exclusivement l'espèce Microcerotermes distans, le Nasique ne mange que des végétaux, principalement des jeunes feuilles, mais aussi des fleurs, des graines, des fruits, verts, de l'écorce (et des nids de termites). Son alimentation riche en eau, souvent couverte d'eau de pluie et de plus l'eau métabolique résultant principalement de l'oxydation des glucides et lipides, lui permettent de boire rarement. Les feuilles entrent pour les deux tiers dans sa nourriture, les fruits pour un quart et le petit reste se répartit entre graines, écorces, etc.

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Les bactéries lui permettent aussi de manger des plantes qui seraient toxiques sans leur travail dévoué de détricotage des toxines. Pourquoi pas de fruits mûrs, riches en sucres qui seraient certainement appréciés de la flore bactérienne, heureuse de ne pas avoir à se tronçonner de la cellulose ? Eh bien justement, la prolifération bactérienne qui en résulterait avec toutes ses fermentations risquerait de provoquer une météorisation, un gonflement possiblement mortel de l'estomac...
À Sukau, les scientifiques ont recensé dans la consommation du Nasique 188 plantes, réparties en 127 genres et 55 familles.